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Les personnes qui prévoient de participer, mardi 23 juillet, à une manifestation contre la corruption devant le Parlement ougandais « jouent avec le feu », a averti le président Yoweri Museveni. Le chef de l’Etat, qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986, a critiqué samedi, lors d’une adresse à la nation, « certains éléments [qui] ont planifié des manifestations illégales, des émeutes ». « Vous jouez avec le feu », a mis en garde le président de 79 ans, dénonçant, sans plus de détails, des « éléments qui travaillent pour des intérêts étrangers ».
Un peu plus tôt, la police avait annoncé l’interdiction des rassemblements devant le Parlement, évoquant des risques de « chaos ». « Nous avons informé les dirigeants de la manifestation que nous ne l’autoriserons pas », a déclaré à l’Agence France-Presse le directeur des opérations de la police ougandaise, Frank Mwesigwa. Il a déclaré que, selon les services de renseignement, « certains éléments vont tenter d’en profiter pour semer le chaos dans le pays ». « Les manifestations ne peuvent être autorisées (…) que dans la mesure où elles ne provoquent pas de troubles à l’ordre public et ne perturbent pas la vie des citoyens », a-t-il poursuivi.
Mais les organisateurs du mouvement, qui souhaitent marcher vers le Parlement, à Kampala, ont déclaré à l’AFP maintenir la manifestation. « Nous n’avons pas besoin de l’autorisation de la police pour organiser une manifestation pacifique. C’est notre droit constitutionnel », a déclaré samedi à l’AFP l’un des meneurs, Louez Aloikin Opolose. « Notre point de départ dans la lutte contre la corruption est le Parlement et c’est ce mardi. Et la manifestation aura lieu indépendamment de ce que dit la police », a de son côté affirmé une autre figure du mouvement, Shamim Nambasa, interne en médecine.
Selon l’ONG Transparency International, l’Ouganda figure au 141e rang sur 180 en matière de corruption. Durant la dernière élection présidentielle, en 2021, des manifestations contre une énième arrestation de l’opposant Bobi Wine avaient été violemment réprimées par les forces de l’ordre, faisant au moins cinquante-quatre morts.
Le mouvement contre la corruption est organisé hors de tout cadre politique. Les organisateurs se sont inspirés des manifestations qui secouent depuis plus d’un mois le Kenya voisin. Depuis le 13 juin, des rassemblements sont organisés contre un projet de budget décrié, finalement retiré par le président William Ruto, mais également contre la corruption. Les manifestations ont viré au chaos le 25 juin lorsque le Parlement a été brièvement pris d’assaut. La police a alors tiré à balles réelles. Selon une organisation officielle de défense des droits humains, au moins 50 personnes ont été tuées depuis le début des rassemblements au Kenya.
Le Monde avec AFP
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